Amiante : et si on abaissait le seuil de santé publique ? La DGS lance une étude d’impact

Amiante : et si on abaissait le seuil de santé publique ? La DGS lance une étude d’impact
septembre 26 08:48 2019

Abaisser ce seuil de santé publique rivé depuis 20 ans à 5 fibres d’amiante par litre ? Les pouvoirs publics y songent depuis plusieurs années. Dans son rapport publié en 2014, le HCSP (Haut conseil de santé publique) évoquait déjà cette perspective. La DGS (Direction générale de la santé) vient de lancer un appel d’offres pour trouver un prestataire capable d’effectuer une étude d’impact.

Cinq fibres par litre, le seuil n’avait pas été défini au hasard : il correspondait au bruit de fond environnemental maximal mesuré en milieu urbain dans les années 70. La situation s’est (nettement) améliorée, puisque selon le Laboratoire d’étude des particules inhalées de la Ville de Paris, le bruit de fond de pollution était de l’ordre de 0,08 f/L en 2012. De quoi envisager désormais un abaissement du seuil de santé publique. Après un premier appel d’offres infructueux en 2018, la DGS a relancé mi-septembre un nouvel appel d’offres pour la « réalisation d’une étude d’évaluation de l’impact sanitaire et économique d’un abaissement du seuil pour le déclenchement des travaux de retrait ou de confinement de l’amiante en France. » Date limite de remise des offres? Le 25 octobre.

Cette étude devra évoquer plusieurs scenarii avec des seuils abaissés à 0,1 fibre d’amiante/litre d’air, 1 f/L et 2 f/L. On retrouve ici les préconisations du HCSP qui proposait en son temps d’abaisser le seuil à 2 f/L -dès le 1er janvier 2020 (sic)-, voire 1 f/L dans certains cas (mesure d’empoussièrement dans les immeubles bâtis, environnement de chantier)… On ne l’imagine pas forcément à premières vue, mais les conséquences seraient énormes. Pour chacune de ces configurations, l’étude doit ainsi examiner les travaux de retraits supplémentaires qui seraient entraînés selon les différents seuils retenus, mais aussi les quantités de déchets amiantés supplémentaires générées, et surtout les bénéfices potentiels en termes de santé publique : combien de décès pourraient ainsi être évités ?

Vastes questions, le prestataire retenu disposera de douze mois pour plancher dessus. Autrement dit, les conclusions de l’étude ne devraient pas être connues avant la fin 2020 au mieux.

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Christophe Demay
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